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La continuité pédagogique, cheval de Troie de la numérisation de la vie
Guillaume Carnino et François Jarrige, Le 06/04/2020
En ces temps de confinement, les écrans sont devenus les seuls vecteurs pour travailler, apprendre et se divertir. À l'image de la « continuité pédagogique », cette numérisation de la vie ne manque pas de reproduire fractures et inégalités, tout en offrant un magnifique cheval de Troie aux géants du web pour faire effraction dans nos vies. Mais selon les historiens Guillaume Carnino et François Jarrige, le Roi est nu, et peut-être est-ce aussi l'occasion de découvrir la vacuité des idéologies numérisations.
Partout dans le monde, alors que s’installe la sidération, voire la panique, devant l’épidémie du Covid-19, le numérique et ses outils s’imposent comme une bouée de sauvetage miraculeuse, un recours face à la solitude et à la crainte, un moyen de supporter notre claustration. Partout dans les médias et les discours publics, les populations sont sommées de se plonger dans le web pour faire du sport, travailler, étudier, mais aussi jouer, échanger, pleurer, rire, autant d’activités désormais transférées en ligne. La numérisation s’accélère et se naturalise, elle doit aider à gérer l’épidémie via l’installation progressive d’une surveillance totale, tout en permettant à chacun de supporter l’enfermement quotidien. Confinement et numérique entretiennent des liens complexes et ambivalents qu’il faut regarder en face. Alors même que la lutte contre l’épidémie passe d’abord par des moyens très simples et low tech, qu’il s’agisse de masques, de gants, de mesures de prudence de bon sens, autant de choses qui semblent tant faire défaut aujourd’hui, les industriels et les politiques en profitent pour vanter leurs outils high tech miraculeux et diffuser leur marchandise.
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