Série d'article à lire sur le Monde Diplomatique
Tous les articles ici
Si un habitant d’une société primitive se faisait anthropologue, il s’étonnerait certainement des mœurs de nos sociétés capitalistes : pris d’une curieuse passion pour les pièces et les billets, les autochtones les accumulent frénétiquement sans but apparent. Derrière l’argent se cache la monnaie, un instrument encore plus étrange, qui ne sert pas qu’à amasser des fortunes. Née de nulle part mais bien réelle, disposant d’une valeur propre qui influe sur le prix des biens, elle détermine la nature des interactions entre États. Un outil suffisamment important pour qu’une institution se consacre à sa supervision : la banque centrale.
Bureau de gravure et d’impression, département du Trésor des États-Unis, Washington, DC. Image tirée du projet « An American Index of the Hidden and Unfamiliar », 2007. Photographie de Taryn Simon.
Le Bureau des gravures et impressions (Bureau of Engraving and Printing, BEP) conçoit et produit les coupures papier américaines et les documents sécurisés pour les autres agences fédérales. Il rembourse par ailleurs les individus et les sociétés pour la monnaie papier irrémédiablement endommagée – un service plus particulièrement utilisé par les victimes d’inondations, d’incendies et d’autres catastrophes naturelles. Le BEP produit 35 millions de billets par jour (dont 45 % de 1 dollar), pour une valeur totale d’environ 635 millions de dollars. Les billets sont imprimés sur un papier fait à partir de coton et de chiffons de lin. Chaque année, 95 % des billetsimprimés sont utilisés pour remplacer ceux qui sont déjà en circulation.Le gouvernement américain a commencé à imprimer de la monnaie papier en 1861 pour lutter contre les faussaires de pièces. Surnommées greenbacks (« dos verts »), ces premières coupures ont été émises pour financer la guerre de Sécession. Les progrès récents dans les technologies de copie et d’impression ont aggravé le problème posé par les faussaires. Depuis 1996, le BEP ajoute des dispositifs de sécurité à ses billets, premier changement dans la production depuis 1928. Il améliore la conception des billets tous les sept à dix ans. La production illégale de monnaie américaine, y compris la modification de monnaie déjà en circulation, est punie d’une amende pouvant atteindre 5 000 dollars et d’une peine de prison pouvant s’élever à quinze ans. À l’heure actuelle, le dollar est la monnaie la plus utilisée dans le monde. Le billet de 100 dollars est la plus grosse coupure en circulation depuis 1969. © 2016 Taryn Simon Courtesy of the Artist and Almine Rech Gallery
Photographies de Ron Haviv. Lors des 40es championnats du monde de poker à Las Vegas, États-Unis, en 2009. La fête • Les croupiers attendent les joueurs à l’ouverture • Pendant une partie. © Ron Haviv / VII.
L’odeur de l’argent
© Bruce Davidson / Magnum Photos.
Un billet de 10 euros en vaut-il un autre? A priori, oui : si l’on exclut leur degré d’usure éventuelle, les deux coupures sont identiques et permettent d’acheter les mêmes quantités de marchandises. Pourtant, elles diffèrent sur un point : la façon dont elles ont été obtenues. Or celle-ci détermine l’usage qui en sera fait.
Article ici
« Rien ne se crée,
tout se prête »
Qui tente de comprendre le fonctionnement du système monétaire et bancaire actuel se heurte à une réalité contre-intuitive : largement immatérielle, la monnaie est créée par les banques, notamment par le biais des crédits qu’elles octroient. Or l’essor de la finance à travers le monde a facilité les dérives spéculatives du système, au détriment de l’intérêt général.
Article ici